I LOVE DOLLY

Après Jean-Jacques G., parlons un peu de Dolly Parton.

J’ai lu cette semaine un article de Brain Magazine « Dolly Parton, icône bimbo des queers, des cathos, des féministes et des prolos » et je vous le recommande si vous ne connaissez pas du tout Dolly Parton.

En ce qui me concerne, j’ai découvert (vraiment) Dolly Parton (qui est pourtant une immense star) il n’y a pas si longtemps que ça.

Je faisais une recherche sur la chanson « I Will always love you » (je fais des recherche bizarre ? Oui, non. Bon. C’était pour une amie) Bref, vous connaissez internet… D’un clic à l’autre, j’ai fini par écouter plein de chansons, des interviews et j’ai adoré cette femme.

Portrait N&B de Dolly Parton jeune. Elle regarde au loin. Elle est très belle avec sa longue chevelure blonde choucroutée et son maquillage parfait.

Son parcours est exceptionnel et l’indépendance qu’elle s’est forgée en tant qu’artiste et en tant que femme l’est tout autant.

Les raisons pour lesquelles les gens aiment Dolly Parton sont assez bien expliquées dans l’article, je trouve, c’est le paradoxe « fake/real. » C’est une femme qui aime les artifices à outrance et l’assume, mais présente par ailleurs une personnalité désarmante d’authenticité[1].

Ce paradoxe (ou prétendu paradoxe) « fake/real » concernant les femmes m’a toujours passionné et interrogé, vu que je suis comme Dolly assez « fake » sur l’apparence et portée sur les artifices…

Pour la société en générale et dans de nombreux milieux, notamment professionnels, ne pas se maquiller, ne pas soigner son apparence n’est pas acceptable et les femmes qui ne jouent pas le jeu sont mal vues.

Mais… il y a des milieux (plus rares, je l’admets) où c’est plutôt l’inverse. Il n’est pas franchement de bon ton d’arriver trop pomponnée. C’est le cas de certains milieux militants (gauchisssses) par exemple (no offense, je ne citerais pas de noms).

Disons que ça peut… détonner. La suspicion que pour porter autant d’attention à ton rouge à lèvre tu dois quand même être un peu con sur les bords n’est jamais loin.

Personnellement *repositionne ses lunettes d’intello[2]* j’ai envie de répondre aux gens qui raisonnent comme ça : « mmm… peut-être, mais pensez-vous avoir suffisamment réfléchi au maquillage sous son angle historique, philosophique et ontologique ? »

De nombreuses femmes reconnues ont démontré que la coquetterie n’était pas incompatible avec l’esprit. Vous n’imagineriez pas Frida Kahlo sans sa couronne de fleurs et il n’y a pas besoin d’être très observateur pour remarquer que Simone de Beauvoir accordait également grand soin à sa coiffure.

Si vous êtes suffisamment assuré.e pour n’avoir que faire de ce que pensent les autres, quelle que soit l’injonction qui s’applique, il faut juste rester vous-même et parfois ça peut consister à rester maquillée contre vents et marrées (c’est mon cas).

Qu’est-ce qui est « real », qu’est-ce qui est « fake » ? Qu’est-ce qui fait l’authenticité d’une personne ? Est-ce qu’elle se mesure à l’absence ou non d’artifices ? Je ne crois pas. Pas plus que le féminisme ne se mesure à la longueur de la jupe, la couleur du vernis ou le port d’un voile[3]. En tout état de cause, j’ai toujours trouvé ces vastes questions relatives aux codes et aux apparences – absolument- FASCINANTES !

Pour revenir à l’article de Brain précité sur Dolly Parton, il est en revanche très injuste avec Whitney Houston et je ne suis pas d’accord. La reprise de la chanson de Dolly est excellente. Les deux interprétations sont intéressantes.

Celle de Dolly est terre à terre et il ne s’agit pas d’une chanson d’amour, mais d’amitié.

Celle de Whitney, que tout le monde connaît, est aérienne. Elle lui a donné disons une autre ampleur. C’est une chanson d’amour absolu, déchirante.

Dolly et Whitney sont deux grandes chanteuses, on ne peut pas les comparer et les mettre en concurrence me paraît un peu absurde.

 

[1] Elle a également beaucoup d’humour comme toutes les femmes que j’aime.

[2] Le truc drôle quand tu portes des lunettes c’est que les gens pensent direct que t’es intelligent.e, studieux.se, intello, alors qu’il se pourrait que, comme moi, tu sois juste… très myope.

Quand je porte mes lunettes, les gens me perçoivent différemment et je trouve ça très marrant.

[3] Même si, parallèlement, il est toujours intéressant de réfléchir au rôle du patriarcat dans tous les codes existants. A cet égard, l’exposition « Tenue correcte exigée » de la Maison des Arts Décoratifs, qui était consacrée aux codes vestimentaires, était extra.

Publicité